Trevor Kiernander

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Solo Exhibition: Here. Not Here. @ Art Mur, Montreal, Canada
APRIL 26 - JUNE 16, 2012
Art Mur, 5826 rue St-Hubert
Montreal, Quebec, Canada H2S 2L7
+1-514-933-0711
http://www.artmur.com
with catalogue essays by Dominique Allard and Cameron Skene 


MEDITATIONS IN AN EMERGENCY, by Cameron Skene

Trevor Kiernander’s paintings approach a perceptual problem that

dogs some painters at this historical juncture: with images easily and

quickly plucked from a constant digital flow available to all, and with

an urban environment that is constantly shifting and re-contextualizing

constructed surroundings, the question is what on earth do we do

with all this STUFF? The mid-twentieth-century American poet Frank

O’Hara considered his art to be one of absorbing the churn of his

surroundings, digesting and leaving a kind of quickly-assembled psychic

popcorn trail that made sense of existence. It required an urgent and

immediate note-taking, but an urgency that could easily be channeled

into his lunch hours away from his job at the MoMA.

More recent painters of Kiernander’s ilk adopt strategies of visual notetaking:

in the 80’s and 90’s, David Salle managed to rig his television

to his computer (prior to more convenient and less expensive

technology) in order to capture imagery as he channel-surfed his

bloated CRT. In a less lazy mode, Wanda Koop’s recent exhibition at

the National Gallery of Canada showcased a diligent, if undocumented

production of hastily-drawn pictures on post-it notes, accumulated in

a huge pile of them under showcase glass at the exhibition.


Similarly to Koop, Kiernander’s canvases strike one as being derived

from snippets – as if one was listening to several different conversations

at once, drunkenly memorizing them, and recounting them the next

morning to a spouse over red eyes and corn flakes. But the calibrated

precision by which Kiernander tells the story convinces you of the

truth of the account.

The painter takes his cues from widely varied media, as well as

his immediate surroundings. Sources seem incidental: color and

composition is the crucible in which experience is cooked. Rules of

painting are strictly – almost conservatively – obeyed. Kiernander

treats space like the object it is. In one piece he allows a wash to

drip, finishing the composition upside-down, drip-up, so that it

works spatially with other seemingly disparate painterly textures

and moves. It maintains a sense of visual unbalance that mimics the

disjointed, recurrent de-contextualization of space in contemporary

surroundings.

With some background in design, and an obvious interest in his

architectural surroundings, each imagistic snippet is precisely calibrated

and knit into the next move on the canvas. There’s a refreshing

crispness in the intent, which clarifies a perceptual solution to the

Shiva-like activity of everyday urban experience: a stalled snippet of

time.

 



TREVOR KIERNANDER. HERE. NOT HERE. by Dominique Allard

 

La plus récente série de Trevor Kiernander, Here. Not Here, est fondée

sur l’ambiguïté des relations entre des formes hétérogènes dans

un espace donné. Dans les mots de l’artiste, cette « négociation de

l’espace » qui entraîne des relations parfois conflictuelles, parfois

harmonieuses entre les formes, impose également l’alternance du

geste artistique comme l’indique déjà le titre : suggérant de placer

« ici », « pas ici », certaines formes ou motifs.

Plus épurées que les oeuvres de sa série To Build A Home présentée

à Art Mûr en 2010, celles-ci montrent de manière explicite une

rythmique visuelle discordante que l’on remarque entre autres aux

formes laissées en suspens (gravitant dans l’espace) et aux espaces

blancs, inaltérés de la toile. Dans cette nouvelle série, les divers

procédés, comme la superposition de motifs empêchant la saisie du

motif original, l’incomplétude des dessins, le collage au moyen du

ruban à masquer, produisent des écarts – et des accords – entre les

formes, tout en participant à l’effacement des traces picturales.

Dans une perspective métaphorique, la superposition, la substitution, la

suspension, le masquage, l’inachèvement, l’effacement, sont des termes

pointant les « lacunes » de l’enregistrement mnésique qui, toujours,

inclut la faculté d’oublier. En ce sens, les tableaux de Kiernander

interrogent le processus subjectif qu’implique la captation en souvenir

des images. Cette proposition est mise en lumière par l’intention de

fusionner des motifs pouvant être reconnus par le spectateur, tels un

chandelier, un cavalier, un pont (comme en témoigne les titres des

oeuvres) et ceux indéchiffrables propres aux souvenirs de l’artiste.

Cette tension produite par la juxtaposition de formes connues et

anonymes est également saisie au niveau spatial et pictural des tableaux :

entre les plans colorés et les vides de la toile, les pans de peinture et

les lignes du dessin, les formes figurées et abstraites; mais aussi par la

variété de médiums employés comme la peinture à l’huile, l’acrylique,

le fusain, le ruban adhésif et le carton – diversité matérielle qui n’est

pas sans rappeler les techniques de collage. Autrement encore, c’est

le rapport qui s’instaure entre la toile et l’espace d’exposition, comme

le montrent certains projets sculpturaux récents de l’artiste où, au

moyen de morceaux de carton, il recrée l’imagerie des peintures –

sorte « de prolongements des toiles », qu’il nomme aussi « esquisses

tridimensionnelles ».

Ainsi, de maintes manières, l’artiste déjoue, camoufle, empêche la

reconnaissance synthétique des éléments présentés, tout comme le

processus mnémonique tend à combiner et recombiner différents

éléments, à la fois réels et virtuels, lors de la remémoration du

souvenir en images. À cet égard, la démarche plastique de Kiernander

ne propose pas l’oubli comme le pendant négatif de la mémoire :

il est central à toute expérience picturale et narrative. Les formes

géométriques, les lignes, les motifs étant dispersés « ici » « pas ici »

sur les toiles, l’artiste propose les vides, les blancs, les espaces intacts,

les moments de suspension, enfin l’oubli comme ce moteur essentiel

à toute relation, voire à toute interprétation et à toute percée

momentanée de l’imaginaire.